Le sceau du Coq, les sauts du Kop, l’assaut d’une Cup
Durant 3 jours (du 4 au 6 novembre 2022) l’équipe de France de Futnet emmenée par Guillaume Ortis et Jimmy Libert a disputé les championnats du monde à Prague. Il aura fallu attendre deux longues années pour se présenter dans l’antre tchèque du Futnet international mais l’évènement était encore plus beau, plus gros, pour fêter les 100 ans de la discipline.
Ces deux années ont été mises à profit par les sélectionneurs français qui ont élargi les premiers stages à 30 joueurs, issus des quatre coins de l’hexagone, pour définir les contours du groupe qui composera le simple, double et triple de ces mondiaux. Stage après stage, la sélection s’est dessinée et sept joueurs ont été retenus :
- Vincent Voisinot (Emerainville) : Simple et Double
- Jérémy Caramelle (Issy les Moulineaux) : Double
- William Rambaud (Olonne sur Mer) : Double et Triple
- Matteu Caviglioli (Ajaccio) : Triple
- Maël Delanous (Nantes) : Triple
- Julien Mercier (Nantes) : Triple
- Maxence Vernier (Nantes) : Triple
« on se sentait prêts ».
Après un dernier week-end de préparation au CNF Clairefontaine quelques jours avant la compétition, les tricolores ont pris la direction de la République Tchèque. La veille de l’ouverture des mondiaux, les joueurs ont pu prendre des repères durant une heure au sein de l’UNYP Arena et démarrer leur aventure. Matteu nous donne ses premières impressions :
« Les stages ont été tops, Clairefontaine, l’Esterel, Nantes, Alex le kiné qui a été là pour nous pendant tout ce temps, Jimmy et Guillaume ont bien bossé, que ce soit sur les stages ou les compétitions, on se sentait prêts ».
Vendredi : Matchs de poule
Simple : En capitaine, Vincent ouvre les hostilités avec deux adversaires abordables sur le papier mais moins connus et donc potentiellement surprenants.
D’abord opposé à un Iraquien, Vincent bataille pour l’emporter 2 sets à 0 (13/11 – 11/9) et commence son tournoi comme il le faut. Face à un américain, la donne est différente et oblige le capitaine des bleus à s’adapter au style atypique et sans puissance de son adversaire en prenant le jeu à son compte.
Une partie compliquée mais ponctuée d’un succès 2/1 (12/10 – 9/11 – 11/9), suffisant pour terminer premier de la poule.
crédit photo : bruno anquetil pour la ffdaf
Double : A peine le simple terminé, nos bleus enchainent avec l’Ukraine en double. Dans une discipline qui nous a rarement souri au niveau international, les tricolores ont besoin de faire le plein de confiance. Impeccables dans tous les compartiments du jeu et très bons dans la gestion des remplacements, ils s’imposent 2 sets à 0 et se mettent dans les meilleures dispositions avant d’affronter les Slovaques, grande nation du futnet et favoris de la poule.
Soutenus par un kop bleu – blanc – rouge venu en masse, les tricolores réalisent un match dantesque réunissant déjà tous les ingrédients d’un grand moment de sport. Une victoire française étriquée mais mémorable 2/1 (10/12 – 11/9 – 12/10) célébrée avec son public comme une médaille. Une première place en poule qui fait du bien et qui aura sans doute un impact pour la suite.Triple : Non sans pression après les prestations réussies dans les autres catégories, le triple français se doit de clôturer aussi bien cette journée de poule. Une formalité face à l’Ukraine 2/0 (11/3 – 11/6) puis un défi au gout de « revanche » contre des Coréens bourreaux des bleus lors des derniers mondiaux en Roumanie quatre ans plus tôt. Une rencontre maitrisée, un nouveau succès 2/0 (11/7 – 11/8) et une journée parfaite pour la sélection avec 6 victoires en autant de rencontres.
Samedi : Poules en ¼ de finale
Les quarts de finale se jouent dans un format particulier où les deux premiers des poules de la veille sont reversés dans une nouvelle poule (à 4) avec deux rencontres à disputer (la troisième étant une opposition de la veille dont le score était conservé). Un peu complexe sur le papier, retenons que dans chaque discipline, les bleus avaient besoin d’une seule victoire pour s’ouvrir les portes des demies finales (Vincent devant gagner 2 sets à 0).
Simple : C’est une nouvelle fois le capitaine Voisinot qui ouvre la journée avec un défi de taille contre le multiple tenant du titre de la discipline Ondrej Vit (République Tchèque).
Présent dans le duel et emporté par un kop acquis à sa cause, Vincent ne peut rien faire devant les qualités de son adversaire et s’incline 2/0 (6/11 6/11).
Sa deuxième opposition du jour n’est pas plus facile à aborder puisque son adversaire Roumain est le tombeur du tchèque la veille. Dans une rencontre de haute intensité, “Vince” prend les devants et s’adjuge le premier set 12/10. De bonne augure puisqu’un succès 2/0 permettrait au français de s’immiscer en demi. Un combat de chaque instant où les protagonistes se rendent coups pour coups mais qui voit malheureusement le Roumain s’emparer du second acte 12/10. Vincent termine la rencontre vainqueur 2/1 sur un nouveau 12/10. Une victoire de haute lutte mais insuffisante qui le prive de demie finale pour un seul petit set average défavorable, ce sera donc une bataille pour la 5-6ème place, le lendemain.
Double : Tous les espoirs sont permis pour nos trois français qui peuvent rêver grand en ayant battu les Slovaques la veille et en évitant les Tchèques dans cette nouvelle phase de poule. Face aux voisins et amis Suisses, les bleus ne vacillent pas et peuvent compter sur le soutien inconditionnel de leur Kop pour l’emporter 11/3 par deux fois. Bien que le contrat soit rempli avec la qualification pour les ½ finales, William et ses partenaires abordent la rencontre contre les Roumains avec beaucoup d’ambitions pour éviter de croiser les locaux au tour suivant. Il faut s’imposer … chose faite avec la manière 2/0 (11/5 – 11/9) dans une O2 Universum qui résonnent des chants des supporters et une communion avec les joueurs pleine d’émotion.
Triple : Sans doute la discipline avec le tirage le plus délicat de cette journée, les français savent qu’il ne faut pas passer à côté du premier match contre l’Iraq pour conserver une chance de médaille.
Une sélection « émergente » dans le paysage du futnet qui travaille très bien depuis quelques années, en témoignent ses résultats aux derniers mondiaux juniors avec 2 médailles de bronze (double et triple). Les Iraquiens confirment cette tendance en offrant une grosse opposition dès le premier set.
Set, que les tricolores remportent dans la douleur 15/13. Émoussés par le combat proposé par l’adversaire, le Capitaine du triple Maxence et consort ont plus de mal dans le second set et s’inclinent 7/11. Le troisième et dernier set va donc être décisif avant d’affronter la sélection reine de la République Tchèque. Porté par un kop inépuisable, les français retrouvent leur énergie remportant le match 2 sets à 1 (11/8 dans le dernier acte) et partagent leur joie avec le public.
La deuxième rencontre constitue, sans doute, un rêve nourri de longue date pour nos joueurs. En effet, jouer contre les multiples tenants du titre, chez eux, dans une salle pleine à craquer, est un rendez-vous incroyable pour les amateurs de futnet que nous sommes. Comme attendu, les locaux déroulent leur jeu (4/11 – 5/11) mais le moment reste beau pour nos bleus qui accèdent aux demies finales et peuvent continuer d’entrevoir une médaille.
Dimanche : 5-6ème place
Simple : Il est encore tôt dans l’O2 Universum ce dimanche matin au moment où Vincent Voisinot et Gilles Grandjean (Suisse) font leur entrée sur le terrain. Si la salle n’est pas pleine, le Kop des supporters français, lui, est bien présent pour soutenir le capitaine des bleus. Opposé à un adversaire qu’il connait parfaitement, Vincent démarre bien sa rencontre et remporte un premier set acharné 12/10. Pas en reste de supporters helvétiques, Gilles revient très bien dans le second set, plus agressif et plus précis, il s’impose 11/6. Le troisième set sera également rapidement à l’avantage du Suisse qui finira par prendre la 5ème place avec un succès 2 sets à 1 (12/10 – 6/11 – 6/11).
Pour Vince la journée ne s’arrête pas là, le double restant à disputer avec ses partenaires.
A noter, la victoire finale du Hongrois Adam Fodor qui devient champion du monde devant Marek Hulin (Slovaquie) et Ondrej Vit (République Tchèque).
Demies finales
Double : Encore invaincu dans le tournoi, le double tricolore s’apprête à rencontrer la Hongrie et rêve de plus grand. L’énergie qui émane du trio français n’a d’égal que l’euphorie de ses supporters, dans les traverses de l’O2 Universum, derrière leurs écrans ou hyper actifs sur les réseaux, pour ceux restés en France.
Impeccables depuis la phase de poule, Wiwi – Jerem et Vince ne baissent pas le pied et disputent chaque point avec une intensité incroyable contre un adversaire bien décidé à jouer sa carte à fond également. Dans un premier set retentissant, la France s’impose 12/10 et prend les devants. Touchés par un premier set qu’ils auraient pu remporter, les Hongrois n’ont pas su trouver les solutions et se sont inclinés 7/11 au deuxième set.
Alors oui, vous l’avez compris, la France s’est brillamment qualifiée pour la FINALE du championnat du monde en double. Dans l’autre rencontre, les Slovaques ont réalisé l’exploit de sortir les Tchèques chez eux … et rencontreront donc nos bleus une nouvelle fois après les poules, une rencontre qui avait tourné en faveur des français.
Triple : Opposée à l’un des deux gros favoris, la sélection française avait fort à faire pour accéder à une éventuelle finale. Malheureusement, les bleus n’ont jamais été en mesure de s’élever au niveau des Slovaques dans une rencontre qu’ils ont dominé de la tête et des épaules 2 sets à 0. Les Tchèques ayant également remportés leur rencontre, Les tricolores affronteront la Hongrie pour la médaille de bronze.
Réactions des joueurs du triple
“A titre personnel, une compétition difficile en termes de jeu : un niveau moyen, des doutes, des fautes, des frayeurs et la déception de ne pas accrocher les meilleurs “
“L’organisation pour les 100 ans, les supporters à Prague c’est énorme ! C’est la première fois que ma femme et ma mère me voient jouer au tennis ballon. Elles sont à Prague dans une salle de 4500 personnes pour les championnats du monde… même elles qui ne sont pas fans de sport, elles ont trouvé ça énorme.” Matteu Caviglioli.
« Le direct télévisé, une salle moderne et consacrée au Futnet, 4500 spectateurs, des interviews, des supporters… la République Tchèque est décidément le temple du Futnet, ces championnats du monde sont une réussite en tous points ». Julien Mercier.
« Tout est réuni pour faire de ces championnats du monde un moment unique dans notre vie : un staff impliqué et humain, des joueurs de talent, des supporters prêts à tout pour nous faire aller au bout de nous-même ». Maxence Vernier.
Les finales, pour viser l’or en Double et le bronze en Triple
“À jamais les premiers“
Double : La rencontre va démarrer et la quarantaine de supporters français se fait entendre dans toute la salle tandis que les joueurs affichent une détermination sans pareil. Dès les premiers points, les bleus répondent présents et mettent un point d’honneur à rappeler à leurs adversaires Slovaques que la victoire en poule deux jours plus tôt n’était pas un malentendu.
Chaque point inscrit par William, Jeremy et Vincent fait lever le Kop et résonne dans l’enceinte de l’O2 parce que oui, ce Kop Français est plus fort que Pavel (NDLR : Pavel Kop joueur du double Tchèque).
Le premier set est remporté avec maitrise 11/7 et malgré leur longue expérience, ni Jan Brutovski ni ses compères Ladislav Stupak et Igor Zubak n’ont su trouver la solution. Mieux revenus dans le second set, les Slovaques prennent l’avantage mais cela était sans compter sur la force qui se dégageait des tricolores auteurs d’un retour salvateur en sauvant deux balles de set pour s’imposer 2/0 (11/7 – 12/10)
La France décroche l’OR et devient CHAMPIONNE DU MONDE !!!! Les larmes coulent, la marseillaise est reprise en cœur par le Kop et depuis la plus haute marche du podium avec de chaque côté les deux meilleures nations de l’histoire du futnet … cet instant est magique, MERCI messieurs.
« Un Week-end exceptionnel du début à la fin. Et nous voilà dans le panthéon du futnet international – À jamais les premiers ». William Rambaud.
« Incroyable on rentre dans l’histoire du FUTNET médaille d’or – A jamais les premiers ». Jérémy Caramelle.
« C’est un objectif que je ne pensais pas réalisable. C’est fou. Au-delà de la performance en double qui marquera ma vie et mon sport, je retiendrai l’aventure humaine exceptionnelle que j’ai vécue avec mes coéquipiers. J’avais des amis, des concurrents de longue date à mes côtés dans cette Équipe de France. J’ai désormais des frères du Futnet. Ce sentiment d’être lié pour longtemps avec ce groupe. » Vincent Voisinot.
Triple : Après autant d’émotions, la sélection du triple avait à cœur de ramener elle aussi sa médaille et, comme les copains du double, de s’imposer contre la Hongrie, nation présente dans le dernier carré de chaque discipline. Malgré l’épuisement vocal, le Kop aussi tenait à se faire entendre jusqu’au bout pour ses joueurs qui les ont fait vibrer pendant 3 jours. Avec l’envie d’en découdre, Maxence, William, Matteu, Julien et Maël sont parfaitement entrés dans leur match et n’ont pas laissé d’espoir à leur adversaire dans un premier acte remporté 11/7. Sans doute ébranlés par un trop-plein d’exaltation, les tricolores ont perdu leurs repères dans le deuxième set « abandonné » 4/11 en faveur des Hongrois.
Mais l’histoire se devait d’être parfaite, la médaille ne pouvait pas leur échapper après ce parcours. Porté par un Maxence Vernier, jamais « lacets » de victoire, et dans un dernier baroud d’honneur, les bleus ont puisé dans leurs dernières ressources pour s’adjuger le troisième et dernier set 11/7. Une nouvelle médaille, en BRONZE, et un nouveau podium dans l’antre du futnet international pour offrir une dernière fois plein d’émotions à son public français.
Plus tard, les Slovaques priveront les Tchèques de l’or en finale, un week-end difficile pour les tenants du titre de chaque discipline qui n’en conservent donc aucun.
« Un souvenir incroyable et indélébile. J’ai du mal à réaliser ce qu’il s’est passé tellement ça paraît irréel. C’est difficile de redescendre de ce nuage tant les émotions ont été intenses. Alors on peut juste remercier tout ce magnifique groupe pour avoir créé quelque chose d’aussi beau : coachs, staff, joueurs et bien sûr nos supporters, les meilleurs du monde… merci !!! » Maël Delanous.
« Ça fait énormément de bien, d’avoir obtenu des résultats particulièrement héroïques après tout le travail que l’on a fourni tout au long de la saison. Depuis mon retour, chaque matin en allant au travail j’entends encore résonner « qui ne saute pas n’est pas français… C’est ENORME !! » Maxence Vernier.
L’apothéose de ce week-end arrivera quelques minutes après le podium du triple au moment où la délégation des championnats du monde choisit de nommer Jérémy Caramelle MVP de ces mondiaux (comprenez meilleur joueur), une consécration qui ponctue magistralement un week-end à jamais gravé dans nos mémoires.
« MVP, l’Or, le Bronze : 7 joueurs / 7 médailles pas de jaloux. C’est magnifique.» Jérémy Caramelle.
« Le dimanche matin après le réveil musculaire j’ai dit à Ju (Julien Mercier) que je sentais qu’on allait faire quelque chose de beau. Le fait qu’on chante pendant le réveil musculaire, tout le monde rigolait, pas de pression. Comme si on allait à l’entraînement. Le groupe a super bien vécu ensemble. Tout le monde a tiré dans le même sens. Sur une compétition comme ça où finalement tu joues peu, c’est dur de garder une osmose pareille.
La médaille en triple pour nous c’est beau car on est très loin d’eux en triple, c’est quasiment impossible de les battre. 3èmes ça veut dire qu’on est les meilleurs de tous les autres et ça, ça compte vraiment pour nous.
Mon plus beau souvenir de tennis ballon pourtant je ne gagne pas. Les résultats sont là mais je trouve que l’aventure entre nous a été aussi belle, tout le monde a été grand.»